POL BURY
DELUDING TIME
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October 22, 2014 - December 20, 2014
Tuesday to Saturday - 10:30 a.m. to 6.30 p.m.
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En 2007, la Galerie Patrick Derom a organisé une exposition rétrospective de Pol Bury reprenant plus de cent oeuvres. Deux ans plus tard suit une exposition de fontaines et de sculptures en plein air au Musée et Jardins Van Buuren à Uccle. Depuis lors, la galerie a acquis un certain nombre d'oeuvres historiques de l'artiste. L'ensemble présenté dans l'exposition "Pol Bury. Deluding Time" comprend une quinzaine d'oeuvres motorisées, une collection de cinétisations originales (collages) et d'estampes que l'on n'a, jusqu'ici, jamais vu rassemblées.
Depuis 1953, le mouvement et l'expérience du temps sont les sujets de prédilection traités par Bury. Le mouvement extrêmement lent de ses sculptures suit un schéma totalement imprévisible.
Après ses premières expériences en peinture non-figurative, il tombe en disgrâce auprès des surréalistes. On note toutefois que dans ses oeuvres subsiste malgré tout une petite touche surréaliste. Bien que Bury tourne le dos à la figuration et se limite à la combinaison de formes mathématiques et d'espaces, il subsite dans ses constructions libres un sentiment de mystère, de surprise et même d'humour... ces mêmes qualités qui l'ont attiré dans le mouvement surréaliste.
Avec cette exposition, la galerie veut également mettre en évidence la carrière internationale de Pol Bury. L'exposition de "10 plans mobiles" en 1953 à Bruxelles est le modeste point de départ d'une carrière qui dépassera de loin les frontières. C'est là que la galeriste parisienne Denise René découvre Bury. En 1955, elle l'intègre à son exposition "Le Mouvement". Bury expose aux côtés de Alexander Calder, Marcel Duchamp, Jean Tinguely, Yaacov Agam, Jesus-Rafael Soto et Victor Vasarely, notamment. Bien qu'elle ne remporte pas un grand succès, cette exposition aura d'importantes répercussions par la suite et sera considérée comme un moment-clé dans l'histoire de l'art d'après-guerre. "Le Mouvement" sera aussi une source d'inspiration pour le groupe d'artistes belges G58 pour leur exposition Vision in Motion / Motion in Vision, au Hessenhuis à Anvers en 1959. La participation de Bury change fondamentalement le programme de cet événement qui deviendra en réalité la première exposition internationale du groupe ZERO. Parmi les artistes invités se retrouvent Yves Klein, Heinz Mack, Otto Piene, Jesus-Rafael Soto, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Gunther Uecker.
Un nouvel intérêt pour le groupe ZERO se dessine actuellement, pour preuve l'exposition en cours au Guggenheim de New York (jusqu'en janvier 2015) où Bury y est naturellement représenté.
En 1961 Bury déménage à Paris et en 1964 il représente la Belgique à la Biennale de Venise. A cette occasion, il rencontre le galeriste new-yorkais John Lefebre qui, subjugué par les travaux de Bury, l'exposera la même année à New York. Et c'est le point de départ d'une carrière internationale. C'est également à la Galerie Lefebre qu'Aimé Maeght apprend à connaître Bury et le prend sous son aile. En résultera une longue amitié ainsi qu'une série d'expositions à Paris, Zurich et Saint-Paul de Vence.
A partir de 1972, Bury rentre en France, ce qui n'empêche pas le Guggenheim de New York de lui consacrer, en 1980, une rétrospective lors de l'installation d'une de ses fontaines dans la rotonde. Avec ses fontaines Bury conquiert le reste du monde, allant jusqu'au Japon et à Séoul.
L'exposition de la Galerie Patrick Derom n'a pas pour ambition d'offrir une vue complète de l'oeuvre de Bury. Elle souhaite lui rendre hommage et montrer que Pol Bury, artiste belge, est un artiste d'envergure internationale. C'est une invitation au voyage; un voyage dans l'univers particulier de Pol Bury où le temps est constamment interrompu, retardé et trompé... Deluding Time
A PROPOS DES ŒUVRES EXPOSEES
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Sculptures
Les premières oeuvres tri-dimensionnelles de Pol Bury sont appelées "plans mobiles" et datent de 1953. Ces reliefs non motorisés sont composés de plusieurs plans mobiles aux formes géométriques différentes. Chaque plan, indépendant l'un de l'autre, tourne autour d'un axe central. Grâce à l'intervention du spectateur, les variantes de la composition deviennent innombrables. Bury a réalisé une quinzaine de "plans mobiles" dont un se trouve dans la collection du Centre Pompidou à Paris.
A partir de 1958, Bury introduit de façon systématique le moteur électrique. C'est également le moment où il se distance définitivement des différentes formes d'art qui l'avaient influencé durant sa jeunesse (le surréalisme, CoBrA, Jeune Peinture belge, abstraction géométrique) et suit son propre chemin.
Quatorze sculptures et reliefs cinétiques datant des années 60 - 70 sont exposés, chacun illustrant un aspect différent de l'œuvre de l'artiste. Pour exemplifier les "érectiles" nous présentons un relief (cat.2) et une sculpture provenant d'une collection privée - jamais montrée au public (cat.3); un des "meubles" provient d'une collection privée canadienne (cat.4); trois œuvres représentent les ponctuations (cat. 10, 12 et 15); 43 éléments se faisant face (cat.11) est une des pièces charnière en métal; quant à 17 cordes verticales et leur cylindre (cat.14), elle fait partie d'une des dix "sculptures à cordes" que Bury a réalisées en 1973 et dont malheureusement très peu d'exemplaires sont conservés.
Une fontaine
Pol Bury est surtout connu pour ses fontaines étant donné qu'elles se trouvent souvent dans des lieux publics. Dans le jardin de la galerie est exposée une fontaine de format inférieur aux fontaines monumentales. Il s'agit du seul exemplaire conservé de ce modèle réalisé du vivant de Bury (12 triangles à rideau extérieur, cat.16).
Collages - Cinétisations
Dès 1963 Bury se consacre également à des œuvres sur papier. Ses collages offrent un regard neuf sur des images célèbres de peintures, monuments, édifices ou cartes postales touristiques. Et l'on peut admirer des gratte-ciels se mettre à danser, des peintures de Mondrian perdre leurs rigides lignes dans un frivole mouvement ondulatoire, Venise plonger dans la lagune... Vingt-cinq collages originaux nous offrent une belle vue d'ensemble de ces collages si particuliers.
Œuvre Graphique
A partir de 1972, Bury découvre à l'imprimerie Maeght les différentes techniques d'impression. Après plusieurs expériences, il utilise des formes géométriques découpées qu'il passe plusieurs fois à la presse, sans réencrage. Il obtient un dégradé de couleurs qui, à nouveau, suggère un effet de mouvement. Le passage multiple à la presse et le mélange de deux couleurs donne pour chaque estampe un résultat différent et en ce sens, les six estampes présentées ici (cat.43-48) sont uniques. Une série de gravures sur bois datant de 1977-1978 (cat.49-56) est également exposée.
Bijoux
A partir de la fin des années 60 Pol Bury crée des bijoux dont nous exposons six pièces.
Documentation
Une sélection de matériel documentaire ainsi que des publications de Pol Bury, des catalogues d'exposition, photos et maquettes d'œuvres monumentales complètent l'exposition. Trois films documentaires seront projetés durant l'exposition: Signes des temps: Pol Bury - Le temps dilaté ( RTB, 1973), Styles: Pol Bury (Jean Antoine, RTB, 1979) et Pol Bury. La poésie de la lenteur (Arthur Ghenne, 2013)
Car la dualité de son œuvre Bury l'exprime aussi par écrit: sécheresse d'un côté, tendresse et sens du mystère de l'autre. Cette dualité insolite explique l'étrangeté de l'effet produit. Quand on voit un Bury en action, on ne sait jamais très exactement si on peut se fier à sa vue, si on n'est pas entré dans un univers où les lois ordinaires de la physique sont en train de doucement dérailler.
Pierre Descargues